
Note de l’éditeur : Marie-Thérèse Gnamazo, du Cameroun, a vécu pendant un certain temps avec sœur Karin Dufault et d’autres personnes alors qu’elle était à Seattle pour un « Come and See ». expérience avec les Sœurs de la Providence. Marie-Thérèse est ensuite devenue associée de la Providence et est retournée dans son pays natal pour y vivre la mission de la Providence en aidant les gens. Fin décembre, Sœur Karin, désormais responsable de la congrégation des Sœurs de la Providence, s’est rendue au Cameroun avec les Sœurs Annette Noel et Réjeanne Turcotte.
Sœur Karin et Marie-Thérèse se sont retrouvées le 29 décembre à l’aéroport de Yaoundé, où elles se sont chaleureusement embrassées. « Elle a l’air en pleine forme et c’était une surprise et une joie de la voir », rapporte Sœur Karin.
Les voyageurs ont été accueillis par le père Emanuel Mbock Mbock d’Afrique Future. ainsi que Sœur Jean d’Arc. Sœur Karin et Marie-Thérèse se retrouveront le 2 janvier, dans la foulée de la visite de Sœur Karin. La visite de Karin à l’archevêque d’Obala, après une cérémonie d’accueil des nouveaux Associés Providence et d’autres affaires de la congrégation.
par la responsable de congrégation Karin Dufault, SP
Marie-Therese Gnamazo, PA, voit le visage de Dieu dans les plus pauvres des pauvres et répond avec le peu qu’elle a. Elle est pleine de ressources pour trouver des personnes qui peuvent aider. Au Cameroun, le nom de l’organisation qu’elle a fondée pendant son séjour à Seattle s’appelle « Solidarité africaine en action ». C’est cette organisation qui a vu le grand besoin à Lomiè d’un puits d’eau pour la population. Le puits du centre de la ville s’était asséché et les gens devaient parcourir des kilomètres pour trouver de l’eau au puits situé à l’extérieur de la ville. L’eau est très rare dans de nombreux villages et villes. Marie-Thérèse et d’autres personnes ont négocié le contrat avec les travailleurs de Yaoundé et elle a supervisé la construction du puits.

Le 2 janvier, Eloi, le chauffeur du Père Emmanuel, et Marie-Thérèse nous ont rencontrés aux bureaux diocésains d’Obala et je suis parti avec eux pour un trajet de plus de 3 heures vers Abong-Mbang, qui est considéré comme l’Est du Cameroun. En chemin, Marie-Thérèse nous a expliqué la différence entre l’est et l’ouest du Cameroun.
L’est est une région beaucoup plus pauvre que l’ouest et est souvent négligée par les politiciens en termes de ressources. Les routes sont en mauvais état sur la majeure partie du trajet et comportent des ornières profondes. Les petits villages se trouvent entre des zones de brousse et de forêt denses. L’exploitation forestière se fait sans remplacement des arbres dans sa forêt dense. La plupart des villages n’ont pas l’électricité et beaucoup doivent aller loin pour aller chercher de l’eau au puits ou au ruisseau.
Une nuitée chez les sœurs de la Pauvre Claire
Nous sommes arrivés à Abong-Mbang, la plus grande ville de la région, où Marie-Thérèse vivait avec sa mère, sa plus jeune sœur et sa famille. Elle s’est arrangée pour que nous puissions séjourner chez les sœurs Clarisses cloîtrées. Marie-Thérèse connaît bien les sœurs Clarisses et il était clair qu’elles l’apprécient.
Après le petit-déjeuner du 3 janvier, nous sommes partis pour Lomiè, en récupérant le frère de Marie-Thérèse, Dieudonnè Medang, et son collègue Bertrand Bekono, qui l’ont aidée à construire le puits à Lomiè.
Notre premier arrêt a consisté à déposer un colis de Noël pour deux petites filles et à rendre visite à leur mère, qui semblait avoir le spina-bifida. Elle était assise sur un rondin, extrayant des graines d’une calebasse et les faisant sécher sur un tissu posé sur le sol. La femme était sévèrement tordue. Pour se rendre à son « fauteuil roulant » (en réalité un chariot), elle rampait, se soulevant pour s’asseoir sur le siège.
Marie-Thérèse avait rencontré cette femme à l’église d’Abong-Mbang. Elle s’est liée d’amitié avec elle et a appris qu’elle essayait de gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de ses enfants en vendant des cigarettes. La femme vivait avec les enfants dans des conditions terribles, sans même un lit pour dormir. Les pères des enfants l’avaient abandonnée pendant ses grossesses. Marie-Thérèse a contribué à améliorer les conditions de vie de la femme, mais l’a encouragée à retourner dans son village puisqu’elle était exploitée à Abong-Mbang. Marie-Thérèse reste en contact avec elle et les enfants. J’ai eu mal au cœur pour cette femme, réalisant que si elle avait bénéficié des bons soins à la naissance, elle aurait probablement eu une vie très différente.
Visite d’un village pygmée

Notre deuxième arrêt était dans l’un des nombreux petits villages où vivent les Pygmées. Marie-Thérèse avait exercé son ministère en 1999 avec le Père Paul, un prêtre du Saint-Esprit, dans l’un de ces villages pygmées. Elle a parlé avec les gens pour s’assurer qu’ils étaient d’accord pour que nous leur rendions visite. Ils ont été aimables et nous ont montré deux de leurs huttes en herbe.
Tous les enfants se sont rassemblés autour de nous – chacun portant un haut de type T-shirt marron – et nous les avons salués. Leur vie semble être très dure et ils sont manifestement très pauvres, avec peu de choses pour les soutenir, à l’exception de leur amour et de ce qu’ils peuvent trouver dans la brousse. Les anciens avaient l’air bien plus vieux que leur âge.
Le long du chemin, nous avons vu de temps en temps des rivières ou des ruisseaux où les femmes lavaient leur linge et où les enfants et les adultes se baignaient. Certains puisaient l’eau de la même rivière dans de grandes casseroles ou des seaux. Beaucoup marchaient le long de la route avec des seaux ou des paniers sur la tête. Les paniers contenaient des bâtons pour le bois de chauffage ou un légume-racine, le manioc. De nombreuses femmes portaient leurs bébés sur leur dos tout en tenant les seaux en équilibre sur leur tête.
Le puits de Lomiè
Une fois arrivés dans la région de Lomiè, nous nous sommes d’abord rendus dans la petite maison d’une femme âgée avec laquelle Marie-Thérèse s’était liée d’amitié après avoir vu les conditions très médiocres dans lesquelles elle vivait avec certains membres de sa famille. La maison était une structure qui n’avait aucune protection, à l’exception de quelques matériaux suspendus. Marie-Thérèse a convaincu son frère et sa nièce de l’aider à mettre de l’argile entre du bois pour entourer la structure. La femme dort sur des couvertures à même le sol. Elle considère Marie-Thérèse comme une fille et l’aime tendrement.
Le puits de Lomiè est devenu opérationnel en septembre dernier. La pompe du puits est munie d’une serrure, et les heures auxquelles le puits est disponible – matin, après-midi et soir – sont connues de tous afin que le puits ait la possibilité de se « reposer » entre deux. Un groupe local est chargé de s’occuper du puits et s’efforce de le faire de manière responsable. C’était une joie de voir les gens faire la queue pour utiliser le puits. Un panneau près du puits indique que les Sœurs de la Providence, la Province Mère Joseph et Solidarité africaine en action ont contribué à sa construction.

Lorsque nous nous sommes approchés du puits, une foule s’est rassemblée, apparemment parce que le bruit s’est répandu que nous étions là. L’assistant du maire était présent, ainsi que le président du comité qui s’occupe du puits, quelques membres de la famille de Marie-Thérèse et de nombreuses personnes qui utilisent le puits. Des remerciements formels ont été exprimés et des photos ont été prises.
Nous avons appris par la suite que l’assistant du maire, avec qui Marie-Thérèse avait communiqué que nous venions, n’avait pas prévenu le maire, Jestin Assama Mbongo, de la visite et qu’il n’était pas en ville.
Un dîner de manioc
Le président ne l’a appris que ce jour-là. Le maire était très contrarié de ne pas être présent et, dès qu’il l’a appris, il est revenu et a voulu que nous nous arrêtions à son bureau avant de quitter la ville. Après le dîner, nous nous sommes arrêtés pour lui rendre visite et il nous a donné une belle lettre de remerciement portant le sceau de la ville. Il s’est excusé parce que nous n’avons pas été reçus dans le style africain traditionnel, avec les chants et les danses des enfants.
Après les salutations au puits, nous avons conduit jusqu’à la maison de la nièce de Marie-Thérèse et de sa famille pour un charmant dîner avec des aliments et des plats que je n’avais jamais mangés auparavant, notamment un plat ressemblant à un gâteau de poisson séché, du manioc, comme j’avais vu les enfants en vendre, des plats à base de banane et un plat à base d’antilope. Il était évident que la famille s’était préparée depuis longtemps et je me suis sentie coupable qu’ils aient utilisé leurs maigres ressources pour offrir un tel festin.
Avant notre départ, la famille de Marie-Thérèse, dont deux paires de jumeaux, a demandé à prendre une photo avec moi, ce qui était charmant. Les enfants sont très précieux !
Après avoir dit nos remerciements et nos adieux, nous sommes retournés à pied jusqu’à la route où nous avions laissé la voiture. Nous sommes retournés en ville pour récupérer un grand sac de manioc donné à la famille par Edith, la grande sœur de Marie-Thérèse. Avant de le faire, nous nous sommes arrêtés au bureau du maire.

Sur le chemin de retour de 78 miles vers Abong-Mbang sur une route de terre défoncée, nous nous sommes arrêtés dans le petit village où Marie-Thérèse a de la famille, dont une tante et des cousins. J’ai vu la petite maison où elle est née et où sa famille a vécu. Malheureusement, sa mère a dû déménager dans la ville d’Abong-Mbang pour vivre avec sa plus jeune fille et sa famille lorsque l’évêque de la région a informé sa mère que la maison se trouvait sur des terres diocésaines et qu’elle était nécessaire.
Après avoir passé la maison, nous avons continué une randonnée en descente raide sur un petit chemin vers ce qu’elle appelait un « puits ». C’était un tuyau qui sortait d’une dalle de béton et qui avait un bouchon en bois. Un enfant est venu avec un seau alors que nous étions là, il a enlevé le bouchon et l’eau est sortie. Juste à côté du « puits » se trouvait un ruisseau. Les habitants de la région viennent y chercher de l’eau, s’y baigner et y laver leurs vêtements.
Il est vraiment difficile d’imaginer que les gens survivent dans les conditions de vie quotidiennes auxquelles ils sont confrontés. Ce n’est pas l’exception, c’est la règle pour eux.
La pompe profite aux femmes et aux enfants
Le puits à pompe que la Solidarité africaine en action a fourni dans la ville de Lomiè fait une énorme différence dans la vie des enfants et des femmes, en particulier parce que ce sont eux qui ont dû marcher si loin pour obtenir de l’eau pour la famille.
L’expérience a été profonde pour moi. Marie-Thérèse a également été touchée lors des rencontres avec les personnes qu’elle a retrouvées et celles qu’elle rencontrait pour la première fois.
Le voyage de nuit nous a fait passer devant les nombreuses maisons pauvres que nous avions vues dans la journée, mais les seules lumières que nous avons vues étaient les feux occasionnels allumés à l’intérieur ou à l’extérieur des maisons pour cuisiner et se chauffer. Pas d’électricité sur des kilomètres et des kilomètres. Ce n’est que lorsque nous avons atteint Abong-Mbang que nous avons vu l’éclairage électrique.
Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, nous nous sommes rendus chez la sœur de Marie-Thérèse pour rendre visite aux enfants de la région. En chemin, nous sommes passés devant l’hôpital, l’église locale, le bâtiment public et d’autres sites que Marie-Thérèse voulait nous faire visiter. Puis nous sommes arrivés à la maison de la plus jeune sœur de Marie-Thérèse, Laurentine, où vit sa mère. La sœur aînée de Marie-Thérèse, Françoise, et un cousin ont également apporté leur aide. Bien que Marie-Thérèse rêve d’avoir un bâtiment physique comme centre de ce ministère, ils n’ont pas les fonds pour un bâtiment, donc la maison de Laurentine est actuellement le lieu où les enfants se réunissent.

Des enfants orphelins chantent pour leurs sœurs
Les enfants qui font partie du projet ministériel de Marie-Thérèse et de sa famille s’étaient rassemblés devant la maison avec quelques-unes de leurs mères et grands-mères. Les enfants sont orphelins, ou issus de foyers brisés et de familles très pauvres. Certains avaient vécu dans la rue ou vivaient avec d’autres membres de la famille que leurs parents. Une de ses cousines était là, une jeune veuve qui a sept enfants. Certains sont à l’université et d’autres au lycée.
Les enfants ont commencé à chanter alors que nous saluions chacun d’entre eux. Ils étaient habillés de leurs plus beaux vêtements et étaient fiers des mots de salutation anglais qu’ils prononçaient. Ils m’ont fait asseoir sur une chaise sous le porche avec la mère de Marie-Thérèse et Eloi, puis ont commencé le programme qu’ils avaient préparé.
Un garçon, probablement âgé d’environ 8 ans, a parfaitement prononcé le salut français préparé. Il a prononcé chaque mot lentement mais avec beaucoup de sentiment, et j’étais très heureux de tout comprendre. Il m’a donné une copie de la salutation et après les chants et les danses, chaque enfant a soigneusement signé le papier, que j’enverrai à la Province Mère Joseph puisque les sœurs et les associés ont contribué à ce ministère.
Après que le petit garçon a lu la déclaration, il y a eu des applaudissements, des chants et les sons de joie qui sont caractéristiques du Cameroun. J’ai pu en enregistrer et en filmer une partie avec mon iPhone pour les partager avec les sœurs. Les enfants sont si beaux et même le plus petit était capable de danser avec un grand rythme. Les adultes se sont joints à la danse et je les ai rejoints avec grand plaisir. Quand la musique s’est arrêtée, Marie-Thérèse a dit que plusieurs des adultes (mères/grands-mères) voulaient me saluer. Ils l’ont fait en offrant des bouteilles de cacahuètes et des fruits (papayes). J’ai reçu ces cadeaux avec humilité, en reconnaissant la grande pauvreté dans laquelle ils vivent, mais je les ai acceptés avec gratitude.
Cadeaux artistiques en bois et en herbe
Ensuite, nous sommes entrés dans la maison de Laurentine, où le dîner avait été préparé pour nous. Nous avons été présentés aux autres membres de la famille et j’ai eu l’occasion d’exprimer à la mère de Marie-Thérèse notre reconnaissance pour ce que Marie-Thérèse et sa famille font pour aider les autres. La mère de Marie-Thérèse est âgée de 74 ans, mais elle ne semble pas avoir moins de 90 ans. Elle a eu une vie difficile et n’a pas été bien. Elle a travaillé très dur pour ses six enfants après la mort de son mari. L’accès aux soins de santé est réservé à ceux qui peuvent payer, même dans les hôpitaux publics.
La mère de Marie-Thérèse m’a remis un paquet dans un emballage de Noël donné au nom de la famille. Deux belles scènes du Cameroun étaient jointes, chacune étant un collage fait de bois et d’herbes. L’un d’eux avait également une carte du Cameroun. De beaux cadeaux !
Le dîner était savoureux et, une fois de plus, la nourriture était généreusement fournie et bien servie. Un cousin a mangé avec nous et le reste de la famille a mangé sans table dans une pièce séparée de nous par un rideau léger. Nous avons dit au revoir à tout le monde et nous nous sommes préparés à partir pour le retour à Yaoundé. Nous avons été plutôt calmes sur le chemin du retour. Je pense que nous étions tous absorbés par nos propres pensées et prières liées à tout ce que nous avions vu et vécu.
Providence de Dieu, nous te remercions pour tout.